Réformer sans bruit, innover sans retour : la RDC change l’Examen d’État [Tribune]
Pendant que certains se perdent en spéculations, la RDC avance à pas sûrs. Dans trois provinces pilotes, la correction des Examens d’État est désormais assurée par l’intelligence artificielle et des machines de haute précision. Une réforme technologique, mais surtout structurelle, qui pourrait bien changer à jamais l’image de l’évaluation scolaire en République démocratique du Congo.
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Il fallait oser. Il fallait surtout commencer.
Dans un pays habitué aux retards chroniques dans la publication des résultats, aux rumeurs de manipulations, à la fatigue des correcteurs et à la centralisation excessive, le ministère de l’Éducation a lancé, sans bruit mais avec ambition, une réforme radicale du processus de correction des Examens d’État.
Depuis cette année 2025, trois provinces ( le Haut-Katanga, le Kasaï Oriental et Kin-Mont-Amba) expérimentent une correction automatisée assistée par intelligence artificielle. Les résultats sont spectaculaires : plus de 100 copies corrigées par minute, sans erreur humaine, sans interférence, sans favoritisme.
Cette innovation, qui pourrait paraître anodine pour certains, est en réalité une révolution silencieuse.
Une réponse aux vieilles douleurs du système
Pendant trop longtemps, les Examens d’État ont été synonymes de :
- Copies perdues entre les provinces et Kinshasa;
- Correcteurs surchargés, démotivés ou sollicités à outrance;
- Délais interminables, nourrissant les soupçons et la défiance;
- La centralisation excessive a fragilisé le processus. La main humaine, parfois dépassée, parfois tentée, a altéré la crédibilité du système. Il fallait réagir.
La correction automatisée répond point par point à ces défis :
- Décentralisation réelle et efficace
- Rapidité des corrections et traitement des données
- Traçabilité numérique et contrôle renforcé
- Élimination du favoritisme et des tentatives de corruption
Technologie au service de la justice scolaire
L’intelligence artificielle, ici, n’est pas une mode. Elle est un outil de justice éducative. Elle vient renforcer l’égalité entre les élèves, garantir que chaque copie, qu’elle vienne de Mbuji-Mayi ou de Lubumbashi, soit lue, notée, archivée, avec les mêmes standards de qualité et d’équité.
Mais cette réforme va au-delà de la technique. C’est un geste politique fort. Elle affirme une volonté : celle de remettre l’élève congolais au centre, et de faire de son évaluation un exercice de rigueur, de mérite et de transparence.
Une réforme structurelle, pas gadget
Ce que vit le système éducatif congolais en 2025 n’est pas une opération ponctuelle ou cosmétique. C’est une transformation structurelle, qui préfigure une refonte plus large du rapport entre l’État, ses institutions et le citoyen.
Et surtout, cette réforme est appelée à s’étendre à tout le pays, pour que chaque province devienne capable de gérer ses corrections avec les mêmes outils, la même rigueur, la même autonomie.
En finir avec les procès d’intention
À ceux qui crient à la fraude, il faut opposer la transparence du système. À ceux qui suspectent une manœuvre, il faut rappeler la traçabilité numérique désormais intégrée à chaque étape.
L’innovation éducative n’est pas un luxe. C’est une nécessité et quand elle est aussi bien pensée que celle-ci, elle mérite le soutien de tous : parents, élèves, enseignants, mais aussi acteurs politiques et société civile.
La RDC avance. En silence, mais sûrement. Et il est temps que l’on commence à applaudir ce qui fonctionne, au lieu de condamner systématiquement ce qui change.
Jean Jeef Mwanza, directeur chef de service de la direction de gestion de communication (DGC) du ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté.